La guerre sans fin des chauffeurs de VTC et de taxis


Il y a quelques jours les chauffeurs de VTC (Véhicules de tourisme) se sont rassemblés à Paris pour manifester contre un amendement qui pourrait faire mourir la profession. Celui-ci interdit le stationnement aux VTC et les obligent à retourner à la base initiale. De plus, la géolocalisation (maraude électronique) n’est plus autorisée pour les VTC alors que ces artisans font la différence grâce aux nouveaux outils de communication. Les taxis eux, se plaignent toujours d’une concurrence déloyale. Le combat engagé entre taxis et VTC fait rage et chaque jour des nouvelles perturbent les deux camps.

Un conflit interminable débuté en début d’année

Le conflit a éclater en février de cette année. Cette fois-ci il s’agissait d’une manifestation de taxis : ils avaient paralysé la capitale et les grandes villes, des aéroports aux centre-villes. Des milliers de taxis s’étaient mobiliser à plusieurs reprises pour bloquer les entrées de Paris. Des concertations entres représentants syndicaux et le gouvernement ont eu lieu mais les rencontres ne se soldaient par aucune décision. Exaspérés, les taxis tenaient à montrer leur mécontentement face à la concurrence qu’ils disent déloyale des VTC (Véhicules de Tourisme avec Chauffeur) et à la baisse de leur chiffre d’affaires. Un décret visant à protéger les taxis de la concurrence et imposant aux VTC un délai d’attente de 15 minutes avant de pouvoir prendre un client, avait été suspendu par le Conseil d’Etat. La cohabitation entre taxis et VTC est donc devenue de plus en plus difficile voire conflictuelle en France (des altercations graves ont même eu lieu).

La différence entre taxis et VTC

Les charges financières

Les taxis se plaignent d’une licence trop chère qui les obligent à s’endetter pendant des années : environ 240 000 euros pour une plaque à Paris et sa région, voire plus dans d’autre villes de province. Les licences sont pourtant gratuites (distribuées par mairies et préfectures) mais le temps d’attente est de plusieurs années (15 à 20 ans pour la capitale). Rares, les chauffeurs (notamment en départ à la retraite) les revendent donc aux enchères. En plus de la licence le taxi doit acheter un droit d’enregistrement d’un coût d’environ 6 000 euros. Enfin, les charges d’un taxi sont reversées à 50% à l’Etat. Gros investissements en débit de carrière, charges, impôts, nombreuses heures de travail par jour… les taxis se plaignent du fait que les VTC ne dépensent pas autant pour leur activité. Pour les VTC il suffit d’une carte professionnelle qui coûte environ 100 euros.

La différence de service
Les taxis se distinguent par une signalétique lumineuse, peuvent prendre des passagers sans réservation dans la rue, stationner sur la voie publique et emprunter les voies réservées aux taxis. Le prix du kilomètre est très réglementé (par l’Etat et les Préfecture) pour les taxis : il est fixé en début d’année par le gouvernement et comprend la prise en charge ajoutée au tarif kilométrique ou horaire (et le règlement en espèces est préféré par les chauffeurs à la carte bancaire). Mais il reste compétitif car moins cher que les VTC. Les touristes et les habitants des grandes villes se plaignent toute fois des frais d’acheminement et de la mauvaise humeur de certains chauffeurs.

Les VTC n’ont pas de signalétique lumineuse (et ne sont donc pas forcément identifiables) et ont des restrictions dûes à leur activité : ils n’ont pas le droit de marauder (c’est-à-dire « prendre à la volée » des passagers dans la rue n’ayant pas réservé), ne peuvent pas stationner sur la voie publique, doivent circuler sur les mêmes voies que les autres automobilistes (et donc subissent potentiellement les bouchons). Ils fixent librement leurs tarifs (facture au forfait – pratique en journée, surtout s’il y a embouteillage – ou au kilométrage, et pas de frais d’acheminement) et il est possible de payer par virement. La réservation est obligatoire (par centrales d’appels ou applications mobiles) et les VTC sont environ 20% plus chers car proposant plus de confort : voitures haut de gamme voire électriques, un chauffeur serviable, bouteilles d’eau, friandises, prises pour recharger le téléphone voire écouter sa musique dans l’habitacle, journaux et magazines, ou encore tablettes tactiles. Les clients disent apprécier la propreté des véhicules, la courtoisie des chauffeurs, la transparence des tarifs, et le sentiment de sécurité.

La situation actuelle : ça se complique pour les VTC

En juin les députés espéraient qu’un texte sortirai le secteur de l’impasse. Il était urgent d’encadrer la profession, de poser les règles concernant les VTC et de moderniser les taxis. Mais à sa publication, le texte n’a pas convaincu, notamment côté UMP, où la proposition était jugée largement favorable aux taxis. Alors que le texte devait équilibrer la balance, le débat ne cesse de s’envenimer et à vouloir rassurer les taxis, le ministre a mis en colère les VTC qui jusque là, se contentaient de la situation actuelle.

En Juillet des sociétés de VTC (SnapCar, Chauffeur-Privé, LeCab, AlloCab et Supershuttle) ont appeler à protester à Paris. Ils regrettent que le député socialiste Thomas Thévenout ai fait fausse route et l’accusent de ne pas avoir réussit sa médiation. « Il avait une idée préconçue pour les taxis et il est allé jusqu’au bout de cette idée là. Il n’a rien entendu de tout ce que les représentants des VTC lui ont dit. » a déclaré un artisan VTC aux journalistes. L’amendement 116 stipule qu’un chauffeur de VTC, quand il dépose un client, il n’a pas le droit de prendre une autre commande derrière, il doit retourner à sa base initiale (dans la plupart des cas, les chauffeurs étant artisans, leur base est leur domicile), hors la plupart des sociétés VTC ont leurs sièges à l’extérieur de Paris, en banlieue. Une décision qui est dénoncée par les VTC comme absurde d’un point de vue économique et écologique. Cela pourrait se répercuter sur les prix des courses. Une surprise après 4 mois de discussion après la grève des taxis début février. Les VTC considèrent qu’il créent de l’emploi et que de s’attaquer à leur profession n’est bénéfique pour personne. « Il y a des clients pour tout le monde. Les taxis ne chôment pas, mais sont incapables de résorber le flux de clients de la région parisienne. » Les VTC pointent du doigts les taxis qui restent archaïques et n’essaient pas d’évoluer. Les VTC disent avoir innover en apportant les nouvelles technologies sur ce marché et aujourd’hui la géolocalisation va leur être enlever mais sera en revanche développer pour les taxis grâce à un registre géré par l’État.

Des textes de loi sont encore attendus dans les prochaines semaines, et chacune des deux parties sera attentive au moindre détail.

De Camille | 14/08/2014